Le terme "surdoué" a évolué au cours des années pour se transformer peu à peu en "précoce", qui s'est lui-même récemment divisé en plusieurs catégories. Je n'ai jamais été diagnostiquée complètement précoce juste parce que les mathématiques ne sont pas mon point fort. Or, il y a aussi un côté émotionnel à prendre en compte, d'où le fait que j'en ai pris tardivement conscience. Allez c'est parti laissez-moi vous conter mon histoire tel Père Castor !
Avec un peu de recul, beaucoup d'éléments indiquaient cette "douance", déjà bébé d'après ma mère. J'étais très éveillée, les yeux grands ouverts. Un peu plus tard, vers mes 2 ans et des brouettes j'adorais qu'on me raconte des histoires et paraît-il que lorsqu'un de mes parents sautait un passage pour aller dormir plus vite, je les reprenais et les corrigeais, sans savoir lire évidemment. C'est en partie grâce à cet amour de la lecture que très tôt, j'ai eu un langage compréhensible et surtout riche en vocabulaire "Maman, il faut que l'on se hâte" Héloïse, 4 ans et demi.
A cette douce période de ma vie j'avais aussi l'habitude de poser énormément de questions, quelques fois existentielles "Comment ça s'attrape la mort ?" "C'est quoi le bébé de la meuh ?" Héloïse, toujours 4 ans et demi. (D'accord la seconde est moins existentielle mais c'était important comme renseignement !)
Grande mémoire, curiosité à toutes épreuves et langage développé, autant de signes qui auraient pu orienter mes parents qui sentaient bien que j'avais un petit quelque chose de différent par rapport aux marmots de mon âge. Ceci dit vu que je grandissais bien, sans problèmes apparents ils n'ont pas jugés nécessaire de me faire passer toutes sortes de tests et je les en remercie.
Avançons un peu dans le temps, pendant ma primaire. Comme je l'ai mentionné dans mon article sur l'hypersensibilité, eh bien j'étais hypersensible. Je ne reviendrais pas dessus en détail, mais un rien pouvait me faire pleurer, m'angoissait. Un indice de plus. Au niveau de l'école, j'assimilais, comprenais et retenais très vite (ce qui est toujours le cas d'ailleurs) me valant de bonnes notes sans avoir à fournir un travail titanesque. Il parait aussi que j'avais certaines réflexions pas tout à fait de mon âge. D'autant plus que j'étais plutôt créative à inventer toutes sortes d'histoire, dessiner, écrire des chansons, et une grande affinité avec les mots ! J'avais ce besoin d'emmagasiner des connaissance, ce qui là aussi est resté. S'ajoute à ça une grande lucidité, ainsi qu'un sentiment d'hyperactivité cérébrale et un besoin constant de l'occuper, en regardant des vidéos, ce genre de choses. Si je ne fais rien je m'ennuie et je me met à réfléchir et donc à me sentir mal ! Je cherche toujours quelque chose à faire.
Mais pourquoi n'ai-je pas été détectée plus tôt ? Je ne le suis pas extrêmement. Et surtout à cause d'une mauvaise confiance en moi je ne me voyais pas du tout comme telle. Sauf qu'avec les années j'ai eu quelques soucis notamment une phobie scolaire en 3ème qui m'a amené a passer un test de Q.I, ce qui aurait pu le confirmer à ce moment là. Mais non. En effet la conseillère d'orientation psychologue avait refusé de donner un chiffre. J'ai donc juste eu des explications et un "Normal" "Plutôt élevé" sur les différents domaines testés. Il en est ressorti que j'étais pratiquement précoce, puisque la logique ainsi que les maths étaient catégorisées comme "normales". Oui juste à cause de ça, retour à la case départ. Je ne comprenais toujours pas pourquoi je me sentais fondamentalement différente des jeunes de mon âge.
Puis l'année dernière je regardais tranquillement le journal télévisé quand tout à coup un petit reportage pointe le bout de son nez sur le sujet. Il existerait plusieurs types d'enfants surdoués, et je vois que les caractéristiques d'un des types semble me correspondre. Je fais des recherches sur internet pour en trouver d'autre et comme par hasard tout colle. Je n'ai plus qu'à prendre la réalité en face "Je SUIS précoce". Au début c'est un soulagement, ça explique beaucoup de choses, et surtout voilà en quoi je suis douée : réfléchir.
Puis à force d'y penser, cela devient un poids. Si tout est responsable de ça alors qui suis-je ? Pourquoi ne l'ai-je pas su avant ? C'est un véritable tourbillon qui se joue dans ma petite tête. J'en parle donc à ma psy qui me fait prendre conscience que je ne dois pas me voir comme étant précoce, mais que la précocité est une des facettes de ma personne qui peut se révéler à la fois avantageuse ou non.
Je ne SUIS pas précoce, j'AI de l'intelligence. Depuis j'essaie de le prendre au plus possible comme un atout, certes c'est parfois dur à gérer avec le stress. Je sais que je vais briller dans mes études grâce à ça et je me sens bien vis à vis de ça. Cependant ça m'occasionne un côté orgueilleux mais, après tout, c'est aussi une manière pour moi de rétablir ma confiance en moi. Je ne me sens pas foncièrement différente de la personne que j'étais avant de découvrir ma particularité, je me sens juste plus complète. J'ai une clef de plus en main pour pouvoir me déchiffrer et ça fait du bien. Ce qui ne veut pas dire pour autant que je me repose sur mes lauriers, je travaille d'autant plus pour obtenir des réussites et m'élever. Je pose peut-être sur mes épaules trop de pression et c'est là-dessus qu'il faut que je travaille, donner le meilleur de moi-même sans pour autant devoir être parfaite et c'est très très délicat. Car la frustration et la colère ne sont jamais bien loin.
Je crois néanmoins qu'il faut arrêter de faire des cases pour les enfants, adolescents et adultes plus intelligents que la normale. Ca peut empêcher certains diagnostics ou bien enfermer ces personnes dans une détresse encore plus grande en leur prouvant par A+B que oui, ils sont différents. C'est pour cela que je remercie mes parents de ne pas m'avoir fait passer de tests trop tôt, puisque je ne me suis jamais sentie en décalage par rapport à mon niveau scolaire et surtout j'étais considérée comme normale. Peut-être que ça m'aurait permis d'avancer plus vite ou bien d'avoir une encore plus grosse étiquette collée sur le front.
Pour clore cet article, je vous met le lien d'un autre ici qui explique plutôt bien je trouve les différences entre les types d'enfants précoces. D'après celui-ci je me situe plutôt du côté des HP-C. C'est à prendre cependant avec des pincettes, puisque la surdouance est un sujet délicat et surtout très compliquée à définir. Quand est-ce que ça commence et ça s'arrête ? Peut-on être considérés "normaux" même si on a un QI élevé ? Puis-je être surdoué bien que j'ai un QI dit "normal" ?
Sur ce je vous laisse et espère que ça vous aura plu comme toujours ! N'hésitez pas à réagir en commentaires si vous estimez que des choses manquent à travers mon article et que vous souhaitez avoir des précisions. Bisous à tous !